Chutes des terrains à bâtir : est-ce une mauvaise nouvelle ?
- Jean Guiony
- 25 déc. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 avr.
ARTICLE AFP / Paru dans l'Express, Challenges, La Croix, TV5 Monde, L'Opinion.
C'est quoi, un "terrain à bâtir" ?
Réponse : une parcelle agricole.
En complément des brefs commentaires qui m'ont été demandés pour cet article :
90% de l'artificialisation en France a lieu par la consommation de parcelles agricoles. En pleine crise des agriculteurs, dont l'accès au foncier agricole, notamment en proximité des centres urbains, devient un vrai casse-tête, je trouve désolant d'entendre hurler à la mort sur la baisse des ventes de "terrains à bâtir".
On parle la main sur le coeur de souveraineté alimentaire, de protection de la ressource en eau contre la sècheresse, d'adaptation aux risques naturels, et parfois, mais c'est rare, de sobriété foncière, quand on comprend qu'elle n'est pas une dangereuse menace mais la meilleure alliée d'un monde habitable.
À Valence, en Espagne, on a un bon exemple de ce qui se passe sans contrôle de l'artificialisation des "terrains à bâtir". Réduction de 50% des 9 000 ha de vergers qui faisaient tampon avec l'aire urbaine depuis les années 1950, artificialisation de 2ha / jour dans la bande littorale de 500m. Résultat : une catastrophe naturelle et sanitaire, des centaines de morts, 14 milliards d'euros pour la simple gestion de crise de la part de l'Etat espagnol et près de 4 de pertes assurantielles (soit 18 millliards : 18 années de "Fonds Vert" français...)
Mais voilà, quand un pan industriel, même celui directement lié à des pratiques qu'on prétend vouloir éradiquer, baisse - on fait tout pour le sauver. Faudra-t-il sauver le pétrole ? Faut-il sauver l'urbanisme infini dans un monde fini ? Et que fait-on, en l'occurence, pour sauver la construction d'habitat peu dense en artificialisation de terres agricoles ? On feint de confondre des crises sectorielles, des crises de filières, avec celle du logement des Français.
La vacance augmente (partout en France, et dans tous les types de bâtis : logement, commerces, bureaux, patrimoines), le recyclage urbain patine, cantonné aux opérations exemplaires ou aux programmes maintenus totalement par des dispositifs publics (Anah, Action Logement, Fonds Friches, et opérations métropolitaines), le nombre ahurissant de meublés touristiques échappant au marché (locatif comme d'accession) continue d'augmenter, et on nous dit que le problème c'est la baisse des ventes de terrains à bâtir aux particuliers !
J'ai été heureux, sans aller jusque dans ce détail, de faire quelques petits rappels suite aux annonces commentées des chiffres des notaires.
Merci Juliette Vilrobe & Hélène Duvigneau (AFP) pour la sollicitation.
Comments